Ce 9 avril 2025 illustre la convergence troublante entre l'effondrement de la sécurité en Haïti et les tensions géopolitiques mondiales. La violence des gangs à Port-au-Prince fait écho aux bombardements à Gaza, tandis que la crise migratoire haïtienne s'inscrit dans un contexte plus large de durcissement des politiques d'asile. Ces crises simultanées remettent en question la capacité des institutions internationales à protéger les populations vulnérables.

HAÏTI | Sécurité — Triple deuil dans la police — Le 9 avril 2025, trois agents de la Police Nationale d'Haïti (PNH) ont perdu la vie dans deux incidents distincts. Les inspecteurs divisionnaires Rony Jose et Job Sulmond ont été tués par des hommes armés sur la route de l'aéroport, alors qu'ils tentaient d'empêcher un enlèvement. « Ils étaient deux policiers exemplaires », a déclaré Lionel Lazarre, porte-parole adjoint de la PNH, attribuant l'attaque au gang dirigé par « Chalè ». À Mirebalais, l'agent Garry Lyma de l'Unité temporaire anti-gang a également été abattu lors d'un affrontement, une perte que le Conseil présidentiel de transition a qualifiée de « rappel du prix élevé que paient nos forces de l'ordre ».

HAÏTI | Société — Commémoration du mouvement féministe — Le 9 avril 2025, le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) a lancé à Pétion-Ville la cérémonie officielle commémorant la Journée Nationale du Mouvement des Femmes Haïtiennes. Cet événement s'inscrit dans un contexte particulièrement difficile pour les femmes haïtiennes, alors que les violences sexuelles perpétrées par les gangs armés ont atteint des niveaux alarmants selon les rapports d'organisations humanitaires. Cette commémoration revêt une importance symbolique forte dans un pays où les femmes sont à la fois victimes de la crise sécuritaire et actrices essentielles de la résistance sociale et économique.

HAÏTI-CANADA | Immigration — Laferrière défend les migrants face au durcissement — Le 9 avril 2025, l'écrivain haïtiano-canadien Dany Laferrière a vivement réagi aux positions du Québec concernant l'arrivée de migrants haïtiens fuyant les menaces d'expulsion de Trump. « C'est injuste de traiter les Haïtiens de misère du monde quand nous savons qu'ils seront la richesse du Québec dans moins d'une génération », a déclaré l'académicien à Radio Canada. Face aux 560 demandeurs d'asile arrivés depuis le 1er avril, le Premier ministre québécois François Legault avait affirmé : « On a vraiment excédé notre capacité d'accueil ». Cette crise migratoire s'intensifie alors que plus de 500 000 Haïtiens et autres migrants sont menacés d'expulsion aux États-Unis.

UKRAINE-CHINE | Conflits — Pékin accusé de fermer les yeux sur ses combattants — Le 9 avril 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a révélé la présence d'au moins 155 citoyens chinois combattant aux côtés des forces russes. « Nous avons enregistré que la Chine était au courant et que ce sont bien des citoyens chinois qui utilisent des armes contre les Ukrainiens sur notre territoire », a déclaré Zelenskyy lors d'un point presse à Kiev. Selon les dossiers des services de renseignement ukrainiens, ces hommes âgés de 19 à 45 ans auraient été recrutés via TikTok et d'autres réseaux sociaux chinois. Pékin a qualifié ces allégations de « totalement infondées », tout en admettant que certains individus pourraient agir de leur propre initiative. Cette révélation intervient dans un contexte de guerre commerciale entre Washington et Pékin.

ÉTATS-UNIS | Économie — Trump suspend partiellement sa guerre commerciale — Le 9 avril 2025, Donald Trump a annoncé un virage stratégique dans sa politique tarifaire en suspendant pour 90 jours les droits de douane « réciproques » pour la plupart des partenaires commerciaux américains, les ramenant à un taux uniforme de 10%. Cette décision intervient quelques heures seulement après leur mise en œuvre initiale qui avait provoqué une onde de choc sur les marchés. Simultanément, les tarifs sur les importations chinoises ont été augmentés de 104% à 125%, en réponse aux mesures de rétorsion de Pékin. « Les marchés étaient devenus un peu yippy », a justifié Trump, dont le revirement a propulsé le Dow Jones de 3% et le Nasdaq de 12,2%, marquant l'une des meilleures journées boursières depuis des années.

HAÏTI-RÉPUBLIQUE DOMINICAINE | Société — Solidarité contestée après la tragédie dominicaine — Le 9 avril 2025, le Conseil Présidentiel de Transition haïtien a exprimé sa « profonde tristesse » suite à l'effondrement meurtrier du toit de la discothèque Jet Set à Saint-Domingue, qui a fait au moins 184 morts. Cette compassion officielle suscite des critiques acerbes dans l'opinion publique haïtienne, qui reproche au CPT et au Premier ministre Fils-Aimé de manifester plus d'empathie envers les Dominicains qu'envers leur propre peuple, alors que plus d'un million d'Haïtiens ont été déplacés par la violence des gangs et vivent dans des conditions précaires. Ce contraste apparaît d'autant plus frappant que ces condoléances interviennent une semaine après le durcissement des mesures anti-immigration par Santo Domingo.

ÉTATS-UNIS | Justice — Freins judiciaires aux expulsions de Vénézuéliens — Le 9 avril 2025, deux juges fédéraux, à New York et au Texas, ont émis des ordonnances limitant les efforts de l'administration Trump d'utiliser l'Alien Enemies Act pour expulser des migrants vénézuéliens vers El Salvador. Ces décisions surviennent deux jours après un arrêt de la Cour suprême qui, tout en autorisant ces expulsions, exigeait qu'un préavis soit donné aux migrants. Le juge Hellerstein a ordonné que les Vénézuéliens dans son district judiciaire bénéficient d'une audience avant expulsion, tandis que le juge Rodriguez a interdit tout renvoi depuis le centre de détention d'El Valle jusqu'au 23 avril. Cette bataille juridique s'intensifie alors que plus de 100 migrants ont déjà été transférés dans la prison salvadorienne CECOT, connue pour ses conditions brutales.

GAZA | Conflits — Carnage à Shujayea sous les bombes israéliennes — Le 9 avril 2025, les frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels du quartier de Shujayea à Gaza ont fait au moins 35 morts et 55 blessés, tandis que 80 personnes restent portées disparues sous les décombres. « Un massacre au sens propre du terme », selon les témoins sur place. Mahmoud Basal, porte-parole de la Défense civile palestinienne, déplore l'impossibilité de mener les opérations de sauvetage : « Des dizaines de personnes sont toujours piégées. Nous ne pouvons pas les atteindre par manque d'équipements spécialisés détruits par les forces israéliennes ». Simultanément, l'armée israélienne a lancé une offensive majeure contre plusieurs camps de réfugiés en Cisjordanie occupée, notamment à Naplouse.

L'actualité de cette journée met en lumière l'échec des approches sécuritaires isolées face à des crises interdépendantes. Les tragédies en Haïti, à Gaza ou aux frontières américano-canadiennes partagent une racine commune : l'absence de mécanismes efficaces de gouvernance mondiale adaptés aux défis contemporains. La judiciarisation des conflits migratoires aux États-Unis et l'impuissance des forces de maintien de la paix en Haïti témoignent d'un système international à bout de souffle.