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Port-au-Prince, Haïti — Un rapport détaillé des Nations Unies, publié vendredi, documente méticuleusement le massacre de 207 personnes à Wharf Jérémie, confirmant l'ampleur de l'un des pires actes de violence perpétrés par des gangs en Haïti cette année.
Entre le 6 et le 11 décembre, sous les ordres du chef de gang Micanor Altès, 134 hommes et 73 femmes ont été systématiquement exécutés dans ce qui s'apparente à une persécution religieuse contre les pratiquants du vaudou.
"Les victimes sont des sorciers (loup-garous), la coalition [de gangs] Viv Ansanm ne collabore pas avec ces types de personnes", a déclaré Altès dans un message audio authentifié par le rapport, ajoutant : "Ce que j'ai fait, je l'assume pleinement."
Le rapport révèle une opération méthodique en six phases, débutant par l'enlèvement de 127 personnes âgées. "Les victimes ont d'abord été traquées à leur domicile et dans un lieu de culte, puis conduites jusqu'au fief du gang, où elles ont été abattues ou tuées avec des machettes", précise le document.
Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) place ces événements dans un contexte plus large de violence endémique : depuis janvier 2024, plus de 5 358 personnes ont été tuées et 2 155 blessées dans le pays. "Ce qui porte le total de personnes tuées ou blessées en Haïti à au moins 17 248 depuis le début de l'année 2022", souligne le rapport.
Dans une section particulièrement inquiétante, le rapport note que le gang de Wharf Jérémie contrôle l'accès au port principal de Port-au-Prince, imposant des "taxes" illégales sur les conteneurs et le transport routier. Cette mainmise économique renforce son emprise sur la région, dans un contexte d'impunité totale.
Malgré l'ampleur du massacre, le rapport constate qu'"à la date de la publication, les exécutions commises entre le 6 et 11 décembre n'ont suscité aucune réaction de la part du parquet de Port-au-Prince". Seul le nouveau Premier ministre a instruit le ministre de la Justice "de mobiliser toutes les ressources nécessaires pour appréhender les responsables de ces crimes."