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HAÏTI | Politique — Le gouvernement de transition tente de normaliser la crise multidimensionnelle
Le 21 mars 2025 illustre l'effondrement accéléré des mécanismes de stabilisation internationale. La crise multidimensionnelle haïtienne révèle l'incapacité des modèles transitionnels face aux défis sécuritaires contemporains. Simultanément, l'Ukraine devient le théâtre d'une nouvelle forme d'expansionnisme économique américain, tandis que la rupture du cessez-le-feu à Gaza marque l'échec des tentatives de pacification dans un Moyen-Orient toujours plus fragmenté.
HAÏTI | Politique — Le gouvernement de transition tente de normaliser la crise multidimensionnelle
Le 20 mars 2025, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) d'Haïti a tenu une double réunion stratégique avec le secteur privé et les forces de l'ordre pour adresser la crise profonde qui paralyse le pays. Les discussions ont porté sur trois axes prioritaires : la gouvernance publique, la sécurité et l'économie défaillante. Le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, a réaffirmé l'engagement du gouvernement à "restaurer un climat de paix", alors que plus 85% de Port-au-Prince reste sous contrôle des gangs armés. Cette initiative intervient dans un contexte où le pays fait face à une crise humanitaire sans précédent avec plus d'un million de déplacés internes et 5,4 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë. L'efficacité de ces rencontres reste néanmoins questionnable face à l'ampleur de la déstabilisation.

HAÏTI-PÉROU-MEXIQUE | Politique — Haïti s'inspire des modèles électoraux latino-américains pour tenter une sortie de crise
Le 19 mars 2025, le Conseiller-Président Frinel Joseph a publié le bilan d'une mission exploratoire au Pérou et au Mexique visant à étudier leurs systèmes électoraux. La délégation haïtienne a rencontré plusieurs institutions électorales dont l'Office National du Processus Électoral (ONPE) péruvien et l'Institut National Électoral mexicain. Parmi les pratiques jugées transposables : la synergie police-armée pour sécuriser les bureaux de vote, l'utilisation de technologies électorales modernes et un système de participation électorale pour la diaspora. Ces recommandations interviennent alors que le pays n'a pas organisé d'élections depuis 2016 et que le contexte sécuritaire catastrophique, avec 5 626 morts violentes en 2024, rend hypothétique toute consultation électorale à court terme.
HAÏTI | Éducation — Performances alarmantes des élèves haïtiens en mathématiques et français
Le 18 mars 2025, le Ministère de l'Éducation haïtien (MENFP) a dévoilé les résultats préoccupants de l'Évaluation Nationale 2022 menée auprès de 40 092 élèves de 6e année fondamentale. Les scores moyens s'établissent à seulement 48,2/100 en créole, 30,7/100 en français et 25,8/100 en mathématiques, avec d'importantes disparités régionales. Le département du Sud obtient les meilleurs résultats en mathématiques (28,1%) tandis que celui de Grand'Anse affiche les plus faibles performances. « La radiographie donne lieu à des inquiétudes », a déclaré le professeur Yves Roblin, Directeur Général du MENFP, qui plaide pour un renforcement de l'Inspectorat et une meilleure dotation en matériels pédagogiques. Cette évaluation s'inscrit dans le Plan Décennal d'Éducation 2020-2030, face à un système éducatif marqué par des taux élevés d'échec et d'abandon.
HAÏTI | Éducation — Le créole comme solution face à l'échec scolaire
Le 18 mars 2025, lors de la présentation des résultats de l'Évaluation Nationale 2022, Kendy Nicolas, Directeur de l'Enseignement Fondamental, a vigoureusement plaidé pour « un enseignement-apprentissage en langue maternelle » face aux performances catastrophiques des élèves haïtiens. Avec des scores de 48,2% en créole contre seulement 30,7% en français et 25,8% en mathématiques, l'écart de compréhension entre les langues est manifeste. Cette analyse s'appuie également sur une comparaison historique montrant une détérioration des performances depuis 2017, où les élèves de 4e AF avaient obtenu 53% en créole. Ce constat relance le débat sur la politique linguistique dans un pays où l'enseignement reste majoritairement dispensé en français, langue seconde que maîtrisent mal de nombreux enfants.
HAÏTI | Sécurité — Nouvelle manifestation contre l'insécurité réprimée par la police à Port-au-Prince
Le 19 mars 2025, des milliers d'habitants du quartier Canapé-Vert ont manifesté à Port-au-Prince pour protester contre l'escalade de violence des gangs de la coalition "Viv ansanm". La mobilisation, marquée par la détermination des manifestants déclarant être « prêts à mourir debout » pour défendre leurs quartiers, a été violemment dispersée par la Police nationale haïtienne qui a fait usage de gaz lacrymogènes et d'armes à feu, faisant au moins cinq blessés dont un membre de la brigade de vigilance locale. Cette répression intervient alors que le lendemain, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé affirmait « comprendre et vivre la même insécurité » que les protestataires. Simultanément, une réunion stratégique entre le président du CPT et les forces de sécurité programmait un « budget de guerre » contre les gangs.
HAÏTI | Politique — Tensions entre le Premier ministre et le Conseil présidentiel illustrent la fragmentation du pouvoir
Le 20 mars 2025, une réunion stratégique cruciale sur la sécurité nationale s'est tenue à la direction générale de la Police nationale d'Haïti, réunissant le président du Conseil présidentiel de transition Fritz Alphonse Jean, le directeur de la PNH, le commandant des Forces armées et celui de la force multinationale d'appui à la sécurité. L'absence remarquée du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, pourtant président du Conseil Supérieur de la Police Nationale, révèle les fractures au sein de l'exécutif bicéphale. Une source proche de la Primature justifie cette absence en affirmant qu'il « ne participe pas aux réunions opérationnelles », préférant « donner des instructions et attendre des résultats ». Cette dysfonction institutionnelle, amplifiée par des fuites d'informations suspectées au sein des forces de sécurité, illustre la fragilité du pouvoir face à une crise sécuritaire qui s'aggrave dans un pays où la population désespérée descend « en flamme le CPT et le gouvernement Fils-Aimé » sur les réseaux sociaux.
HAÏTI | Coopération — Le MPCE modernise sa gestion avec l'appui du PNUD
Le 19 mars 2025, la ministre haïtienne de la Planification et de la Coopération Externe, Ketleen Florestal, et le directeur exécutif du PNUD, Xavier Michon, ont signé un projet d'appui institutionnel visant la modernisation des systèmes de gestion du ministère. Cette initiative cherche à optimiser l'allocation des ressources et améliorer le suivi des projets de développement dans un contexte où l'aide internationale constitue un pilier essentiel pour Haïti. Le renforcement des mécanismes de coordination s'avère crucial alors que le pays traverse une crise multidimensionnelle avec 5,5 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire. Ce partenariat s'inscrit dans la stratégie plus large des institutions internationales, notamment la Banque mondiale qui a récemment annoncé un nouveau plan 2025-2029, pour maintenir le flux d'aide malgré l'instabilité politique et la paralysie institutionnelle qui handicapent l'efficacité des programmes de développement.

ISRAËL-GAZA | Conflits — Israël reprend les bombardements intensifs sur Gaza après la rupture du cessez-le-feu
Le 20 mars 2025, les frappes israéliennes ont tué au moins 85 personnes à Gaza en une seule nuit, portant à près de 600 le nombre de victimes depuis la rupture du cessez-le-feu mardi dernier. « Ce fut une nuit sanglante pour les habitants de Beit Lahiya », a déclaré Fares Awad, responsable des services d'urgence dans le nord de Gaza, où les forces israéliennes ont également réimposé un blocus total. En réponse, le Hamas a tiré trois roquettes vers Israël sans faire de victimes, tandis que les rebelles Houthis du Yémen ont lancé deux missiles interceptés avant d'atteindre leur cible. Sur le front politique, Netanyahu a limogé le chef du Shin Bet, Ronen Bar, approfondissant la crise institutionnelle israélienne alors que le bilan humain à Gaza depuis octobre 2023 dépasse les 49 000 morts, selon le ministère de la Santé palestinien.
ÉTATS-UNIS-UKRAINE | Économie — Trump envisage une prise de contrôle américaine des centrales nucléaires ukrainiennes
Le 20 mars 2025, le président Donald Trump a proposé lors d'un appel avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que les États-Unis prennent le contrôle des centrales nucléaires ukrainiennes. Selon la Maison Blanche, cette mesure constituerait « la meilleure protection pour ces infrastructures ». Zelensky a semblé rejeter cette idée controversée, rappelant que ces installations sont propriétés de l'État et que leur privatisation est interdite par la loi ukrainienne. Cette proposition s'inscrit dans une stratégie plus large de Trump visant à sécuriser des intérêts économiques américains en Ukraine, notamment pour Westinghouse qui a signé des contrats pour construire neuf réacteurs dans le pays. Le plan se heurte toutefois à des obstacles juridiques majeurs et à une probable résistance politique dans un pays post-soviétique où de nombreuses industries clés demeurent sous contrôle étatique.
Ces crises simultanées dévoilent une reconfiguration fondamentale des rapports de force mondiaux où l'instrumentalisation économique supplante progressivement l'affrontement militaire direct. L'incapacité des institutions internationales à endiguer tant la crise haïtienne que les ambitions unilatérales en Ukraine ou l'escalade à Gaza témoigne d'un ordre mondial en transition, où puissances émergentes et établies redéfinissent leurs zones d'influence respectives.