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L'Université d'État d'Haïti (UEH) intensifie son engagement dans la question des réparations historiques avec une importante rencontre prévue le 5 novembre 2024. Cette initiative s'inscrit dans un long combat pour la justice historique, dont les racines remontent à la "double dette" imposée à Haïti en 1825.
Un héritage lourd de conséquences
Selon l'enquête approfondie du New York Times publiée en 2022, Haïti a été forcée de payer l'équivalent de 560 millions de dollars à la France. Ces paiements, qui se sont étendus sur des générations, représenteraient aujourd'hui une perte estimée à 21 milliards de dollars pour l'économie haïtienne. Cette somme colossale aurait pu transformer le développement du pays.
Une mobilisation internationale croissante
En avril 2024, une coalition d'une vingtaine d'organisations de la société civile a formellement demandé à la France, lors d'un forum des Nations Unies à Genève, le remboursement de cette dette historique. Les estimations actuelles, incluant les intérêts sur 200 ans, pourraient atteindre 150 à 200 milliards de dollars.
L'engagement académique de l'UEH
En réponse à cette dynamique internationale, l'UEH a constitué en mai 2024 un groupe de travail multidisciplinaire pour :
- Documenter scientifiquement les préjudices historiques
- Calculer précisément les montants dus
- Développer une stratégie de revendication cohérente
- Mobiliser l'expertise universitaire sur cette question
Les échos d'Aristide
Cette initiative rappelle la demande de réparations formulée par l'ancien président Jean-Bertrand Aristide en 2003, qui réclamait 21,7 milliards de dollars. L'ancien ambassadeur français Thierry Burkard a récemment reconnu que cette revendication avait contribué à la destitution d'Aristide en 2004, craignant qu'elle ne crée un précédent pour d'autres anciennes colonies.
Perspectives
La rencontre du 5 novembre représente une nouvelle approche, plus académique et systématique, dans la lutte pour les réparations. L'implication de l'UEH pourrait contribuer à :
- Renforcer la légitimité scientifique des revendications
- Développer une stratégie nationale cohérente
- Mobiliser la communauté internationale
- Éviter les écueils politiques qui ont marqué les tentatives précédentes