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Un nouveau décanat investi à la FLA : une rare transition dans un contexte de crise

Investiture d’un décanat dans une université en crise : rare transition institutionnelle réussie malgré l’instabilité sécuritaire et les blocages électoraux persistants.

De gauche à droite – Jean Whig Noël, Vice-doyen aux Affaires Académiques ; Wilhelm Michel, Doyen ; Martineau Nelson, Vice-doyen à la Recherche, posant avec leurs attestations lors de leur investiture à la tête de la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA), le 7 mars 2024.

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Port-au-Prince, le 7 mars 2024 – Dans un climat marqué par l’instabilité sécuritaire et les profondes difficultés institutionnelles que connaît l’Université d’État d’Haïti (UEH), la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) a officiellement investi son nouveau décanat. Cette cérémonie, organisée au Rectorat de l’UEH en format hybride (présentiel et en ligne), a vu l’installation de Wilhelm Michel comme Doyen, accompagné de Jean Whig Noël, Vice-doyen aux Affaires Académiques, et de Martineau Nelson, Vice-doyen à la Recherche, pour un mandat de quatre ans.

Présidée par le Vice-recteur aux Affaires Académiques, Jean Poincy, la cérémonie a rassemblé plusieurs membres de la communauté universitaire, dont le Doyen sortant Renauld Govain, des représentants du personnel administratif, ainsi que des étudiants et enseignants de la faculté.

Des élections dans un cadre institutionnel en crise

Le processus électoral qui a conduit à l’élection de cette nouvelle équipe a été marqué par de nombreux défis. La présidence de la Commission électorale de la FLA, représentée par le Professeur Jean Bruny Fresmont, a souligné les difficultés du contexte dans lequel ces élections ont pu se tenir. Alors que l’UEH peine depuis plusieurs années à organiser des élections générales pour le renouvellement de ses instances dirigeantes – le Rectorat lui-même rencontrant de sérieuses complications pour stabiliser sa propre gouvernance – la FLA fait figure d’exception en parvenant à assurer une transition dans un cadre institutionnel fragilisé.

Cette situation illustre les tensions croissantes au sein de l’UEH, où l’incapacité à organiser des élections dans d’autres facultés et au niveau du Rectorat alimente une crise de légitimité. Plusieurs entités de l’université fonctionnent actuellement avec des dirigeants en fin de mandat ou en prolongation exceptionnelle, faute de processus électoraux viables. Dans ce contexte, la tenue du scrutin à la FLA, bien que difficile, apparaît comme un jalon important.

Des défis majeurs pour la nouvelle équipe dirigeante

Dans son discours de passation, le Doyen sortant, Renauld Govain, a mis en garde son successeur sur l’ampleur des défis qui l’attendent. Parmi eux, la reprise des locaux de la FLA, actuellement occupés par des sinistrés, constitue une priorité pour le fonctionnement optimal de la faculté. Cette situation, qui s’inscrit dans le contexte plus large de la crise sécuritaire haïtienne et des déplacements forcés de populations, illustre l’impact direct des tensions nationales sur le fonctionnement des institutions académiques.

Par ailleurs, le Vice-recteur Jean Poincy a insisté sur l’importance de renforcer la place du créole haïtien dans l’enseignement universitaire. Il a rappelé que la FLA a un rôle central à jouer dans la promotion du créole comme langue académique, un défi d’autant plus crucial que l’université fait face à des difficultés structurelles de financement, de gouvernance et de légitimation institutionnelle.

Vers les 50 ans de la FLA : ambition et incertitudes

Le nouveau Doyen Wilhelm Michel a exprimé sa volonté de rassembler les forces vives de la faculté pour relever ces défis. Il se projette déjà vers 2028, année du cinquantenaire de la FLA, en espérant en faire un moment de rayonnement académique. Cette ambition, bien que louable, devra composer avec la dégradation du climat sécuritaire et institutionnel qui pèse sur l’ensemble de l’UEH.

Une transition rare dans un paysage universitaire bloqué

L’investiture du nouveau décanat de la FLA tranche avec la paralysie observée dans d’autres entités de l’UEH. Alors que certaines facultés fonctionnent avec des dirigeants dont le mandat est expiré et que le Rectorat peine à stabiliser son leadership, cette transition à la FLA démontre que des espaces de gouvernance restent possibles malgré la crise.

Toutefois, l’avenir de cette nouvelle administration reste incertain. La capacité du Doyen Michel et de son équipe à mettre en œuvre leur vision dépendra non seulement des moyens financiers et institutionnels à leur disposition, mais aussi de l’évolution d’une crise politique et sécuritaire qui, jour après jour, continue d’entraver le fonctionnement des institutions académiques en Haïti.

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